Vent du Nord - Préquelle - Partie 6

Publié le par Chimaera

Vent du Nord - Préquelle - Partie 6

 

 

Lorsque la mi-hiver arriva, Alia regarda avec satisfaction ses suivantes déménager ses affaires dans la chambre de son mari – elle-même n'avait pas le droit d'y pénétrer avant qu'ils ne soient officiellement unis. Elle avait passé le dernier mois à rendre fou son fiancé, savourant ses regards brûlants.

 

Le soir, ce fut à l'extérieur qu'ils prononcèrent leurs serments, au milieu de la place du village. Il n'y avait à vrai dire pas de réelle cérémonie : tous les habitants étaient simplement rassemblés autour d'eux, les sifflant joyeusement, et Sigrún était la seule à écouter leurs paroles. Tout le monde se précipita d'ailleurs à l'intérieur dès qu'ils le purent, dans l'immense maison principale, fuyant le froid de l'hiver pour festoyer au chaud. Elle fut installée entre Sigrún et Niels, lui-même à la droite de son père, et ils commencèrent à manger dans la bonne humeur.

 

"Niels ?" appela-t-elle, intriguée. "Pourquoi la place à gauche de votre père est vide ?"

 

Il lui sourit.

 

"Je vous ai dit que, cette nuit, les dieux viennent sur notre terre. Ainsi, si l'un d'eux veut se joindre à nous, il le peut, sa place est prête."

 

Elle devait avoir une mine franchement sceptique, car son sourire s'agrandit.

 

"C'est déjà arrivé, dame."

"Un dieu ? Ou était-ce un vagabond ?"

"Est-ce vraiment important ? Si un étranger vient, il sera accueilli. Peut-être sera-t-il un vagabond, comme vous le dites, peut-être sera-t-il un dieu déguisé. Ah, voyez..."

 

La porte venait de s'ouvrir, laissant entrer une rafale de neige. Un homme de haute taille se tenait dans l'encadrement, de la neige emmêlée dans sa longue barbe grise hirsute. Sven l'accueillit aussitôt d'une voix forte et lui désigna le siège vide à sa gauche. Avec un sourire, l'étranger referma la porte, puis retira son chapeau à larges bords pour le secouer à l'entrer, avant de les rejoindre. L'attention se détourna de lui sitôt qu'il eut retiré son manteau et qu'il se fut assis.

 

La conversation s'engagea bientôt entre lui et Sven comme s'ils s'étaient toujours connus et le roi finit par désigner leur couple alors que la nuit était bien avancée et réchauffée par l'hydromel qui coulait à flots.

 

"Mon fils s'est marié aujourd'hui même, Barbe-Grise. Me feras-tu l'honneur de leur accorder ta bénédiction ?"

 

Le vieil homme tourna la tête vers eux, les fixant de son œil unique, puis sourit dans sa barbe.

 

"De bénédiction nul besoin,

Car bénis ils sont déjà" proclama-t-il.

"Oh..."

"Ils ont choisi de tout se donner, il n'y a que peu de choses que je puisse faire en plus. Merci pour le repas, noble roi."

 

Il se releva, remit sa cape et son chapeau, avant de se raviser et de l'ôter en faisant une révérence devant le couple.

 

"J'ai hâte de voir le destin de vos enfants, jeunes gens. Que la vie vous soit douce."

"Alors ?" murmura Niels à l'oreille de sa dame lorsque l'étranger eut quitté les lieux.

 

Un sourire hésitant lui répondit. L'homme ressemblait à un vieillard, mais il y avait quelque chose d'étrange qui se dégageait de lui. Peut-être son œil unique, qui les transperçait si facilement. Ou quelque chose dans son maintien et son attitude.

 

Elle frémit lorsque, plus d'une heure plus tard, il passa sa main dans ses cheveux noirs flottant librement sur ses épaules.

 

"Voulez-vous que nous nous retirions ?" interrogea-t-il à son oreille.

 

Elle observa les alentours. La plupart des personnes présentes s'étaient abondamment servies en hydromel et les rires résonnaient fort, mais son mari avait le regard clair et paraissait tout à fait sobre.

 

"Vous n'avez pas bu ?" interrogea-t-elle d'ailleurs.

"Je préfèrerai avoir l'esprit clair pour notre première nuit commune" répondit-il sans se troubler.

"Allons-y" accepta-t-elle en glissant sa main entre ses doigts forts.

 

Personne ne remarqua leur départ, ou du moins personne ne le commenta. Il l'amena jusqu'à sa chambre, refermant le battant et tournant le loquet derrière eux, avant de la prendre dans ses bras.

 

"Je sens votre peur... Ne vous forcez pas."

 

Elle sursauta, puis lui sourit, caressant sa joue.

 

"Je vous ai choisi, contrairement à cette dernière personne..."

 

Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres.

 

"Montrez-moi qu'il est inutile de vous craindre... je veux sentir votre amour."

 

Un long baiser lui répondit et elle ne protesta pas lorsqu'il l'entraîna vers leur lit, l'allongeant dessus et la regardant avec des yeux brillants.

 

Publié dans Vent du Nord

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article