La Porte

Publié le par Chimaera

Voici un défi d'écriture que m'a lancé ma mère : décrire une porte dont elle m'avait ramené une photo en une page. Eh ben mine de rien, ce n'est pas évident. Résultat des courses : une page et quart. Pas trop mauvais.

 

 

C'est une porte. Même sur une simple image, on devine aisément qu'il doit s'agir d'une haute porte, massive. Peut-être est-ce le métal dont elle est recouverte qui donne cette impression de poids, d'écrasement. Elle a dû être arrachée du mur dont elle dépendait, car elle est placée devant un vulgaire fond blanc, ne la mettant nullement en valeur, et les montants de bois en sont visibles.

 

Elle est constituée de deux vastes battants. D'après les charnières, il suffirait d'en tirer une poignée pour attirer un battant à soit. Les charnières sont de métal martelé. Un second rectangle est dessiné dans le premier, dessinant un cadre intérieur en laissant à peine une fine bande à l'extérieur. Il se poursuit néanmoins jusqu'au pied de la porte, il ne se trouve donc pas de bande au niveau du sol. Ce cadre extérieur est dépourvu de tout motif, si ce ne sont des points noirs à intervalles réguliers sur tout le pourtour – peut-être des clous, à but sans doute autant esthétique que pratique. Le fond en est d'un gris métallique, par endroit plus clair, parfois recouvert d'un jaune orangé qui doit être fait d'un autre métal.

 

Dans le rectangle intérieur, le quart du haut est divisé en deux, formant des liges. Chacun est recouverte des élégantes lettres recourbées de l'alphabet arabe. Les lettres semblent être en relief et sont bien noires. Peut-être est-ce dû à un effet du temps plus marqué, mais je suppose qu'il s'agit davantage de la couleur d'origine. Le résultat est néanmoins qu'elles se voient de loin et dans le moindre détail sur le fond grisâtre du métal de la porte.

 

En-dessous se trouve un troisième cadre inséré dans les deux autres. Il est à égale distance de la plus basse des lignes d'écriture, de chacun des côtés du rectangle intérieur, et enfin du sol. C'est à cet endroit que se voit le plus clairement la ligne de séparation des deux battants. Le haut de ce troisième rectangle voit ses coins coupés par une seconde ligne, formant demi-cercle depuis le haut du cadre intérieur jusqu'à environ le tiers de sa hauteur. Plutôt que de rentrer directement dans le cadre, ce demi-cercle se finit un peu à l'intérieur puis se décale brusquement vers l'extérieur, de la même manière que les fenêtres de bâtiments arabes.

 

La plus grande partie du cadre intérieur est marquée par un cercle complet. Plutôt que d'une ligne droite, il s'agit néanmoins de vaguelettes, au nombre de huit dans le demi cercle sur chacun des battants. En haut et en bas, deux pointes en forme de fleur de lys, soit une pointe dont la base est faite de deux boucles, referment le cercle, néanmoins braquées vers l'extérieur de celui-ci. L'un est donc orienté vers le haut de la porte et le second vers le bas.

 

De chaque côté de la fleur de lys du haut, un cercle de même forme que le principal est dessiné, bien que beaucoup plus petit. Ils sont parfaitement symétriques et leur centre, plutôt que d'être lisse, est fait d'un complexe entrelacement de bruns de métal. En face de la pointe, orientée en haut donc, juste sous le haut du cadre de ce troisième rectangle, on a gravé un cartouche, un long rectangle ovale empli d'écriture, toujours en alphabet arabe. Là encore, l'écriture est bien plus noire que le cartouche qui la contient.

 

Enfin, dans le cercle principal, on peut trouver une poignée sur chacun des battants, soit un support fixé qui soutient un anneau. Chacun des anneaux est d'une couleur argentée bien plus marquée que le reste, tout comme le pourtour du cercle d'ailleurs. Juste au-dessus des poignées, on trouve trois petits anneaux incrustés dans la porte : l'un sur le battant de gauche, les deux autres à droite, seul élément asymétrique. Sans doute s'agissait-il d'un verrou, même si la barre horizontale qui devrait le compléter n'est pas présente.

 

Les couleurs, à présent, même si elles sont passées et relativement uniformes. L'ensemble de la porte est recouverte de ce métal martelé, plus ou moins noirci selon les endroits. Le haut est gris foncé, le tiers inférieur bien plus clair. Le bas, en revanche, est complètement noir. Je suppose donc qu'il s'agit d'argent martelé, puisque c'est un matériau précieux qui noircit avec le temps. En revanche, la "fenêtre arabe", à l'intérieur du plus petit rectangle, donc, a dû être recouverte de cuivre ou d'or, d'où la couleur jaune orangée qu'il reste encore à certains endroits. L'intérieur du cercle où se trouvent les poignées est à nouveau fait du même matériau qu'à l'extérieur (de l'argent selon mes suppositions).

 

Le bois a une couleur relativement claire, mais ne semble pas être verni ou poli. Le long de la bordure du second rectangle (celui délimitant la bande extérieure), des traces de doré sont encore également visibles. Peut-être chacun des cadres avait-il été doré pour bien délimiter les parties de la porte et attirer l’œil sur chacune des séparations.

 

 

 

 

NB : après lecture des petits caractères au dos de la photo, c'est une porte probablement turque et elle est effectivement recouverte d'un "placage de feuilles d'argent, martelées, gravées et dorées sur âme de bois". La hauteur est de 3,42 mètres et la largeur de 1,82 mètre, d'où la possible sensation d'écrasement.

Publié dans Indépendants

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K
<br /> Alors là, chapeau.<br /> Va falloir trouver quelque chose de plus difficile la prochaine fois...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Héhé ! Elle te va comme description, assez ressemblant ?<br /> <br /> <br /> <br />