Incipit (Intro 1/4) (Echange de corps)
Alrun
"Mathias, mon grand, tu vas bientôt te prendre une baffe" fit Alrun sur un ton suave.
"Alrun, ma belle, je préfèrerai de loin un de tes merveilleux baisers" répondit ledit Mathias en lui faisant un sourire envoûtant.
Elle ricana franchement en le regardant dans les yeux.
"Rappelle-moi, de quand date notre dernier baiser ?"
"De quand je t'ai consolée après la perte de ton copain" répondit-il sérieusement.
"Et ça fait combien de temps, ça ?"
"Hm... six mois environ."
"Tu ne veux pas aller chercher une autre fille ?"
"Ah, mais il n'y en a aucune qui t'arrive à la cheville, ma belle..."
"Fermez-la, tous les deux" ordonna soudain leur amie, lassée de leurs flirts permanents.
"Anette" grommela Alrun. "Laisse-nous flirter si on veut."
Anette leva les yeux au ciel.
"Flirter de temps en temps, d'accord, vous pouvez" fit-elle sur un ton sarcastique. "Mais là, je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais votre flirt est permanent. Chaque fois que vous vous voyez, vous vous faites des propositions indécentes."
"Comment tu veux rester décent en étant en face d'une fille comme Alrun ?" demanda ingénuement Mathias.
Une vigoureuse claque sur la tête le fit gémir.
"Aïe... Anette, je te hais."
"Oui, c'est ça" répondit-elle distraitement. "Donc je vous laisse le choix : vous flirtez quand je ne suis pas là, vous arrêtez entièrement de flirter, ou vous sortez ensemble qu'on en finisse."
Deux regards noirs la foudroyèrent, mais pourtant Mathias s'inclina ironiquement devant Alrun.
"Ma belle, tu veux sortir avec moi ?"
"Dans tes rêves" répondit-elle, pourtant clairement amusée, avant de prendre une gorgée de bière.
"Ah, tu vois, Anette, je l'ai pas assez draguée pour passer ses défenses... donc faut que je continue. Logique."
"Pas quand je suis là" grommela Anette.
Deux sourires ironiques lui répondirent et Alrun se tourna vers Mathias avec un regard empli d'innocence.
"Mon grand, ce n'est pas que je ne veux pas sortir avec toi, c'est que je ne vois vraiment pas quel avantage j'y aurai. T'es mignon, ok, je ne le nie pas... T'as une bonne réputation au lit, d'accord... mais après, franchement, hein..."
"Ben tu l'as dit" répondit-il avec un sourire. "Je suis beau et je suis bon au pieu. Tu veux quoi d'autre ? Du romantisme ? Je peux faire un effort si tu veux."
Un rire narquois lui répondit et Anette poussa un grognement furieux. Ils cessèrent aussitôt de la taquiner, la regardant d'un air franchement moqueur.
"T'es si facile à énerver, Anette" fit Alrun en secouant sa tête d'un air navré.
Elle se prit une claque derrière la tête en toute réponse et éclata franchement de rire, vite suivie par Mathias. Sans s'en empêcher, Anette les rejoignit. Après tout, Mathias était un flirteur invétéré et Alrun l'une des rares à lui répondre avec le même mordant... il fallait bien qu'ils s'amusent un peu.
Une heure après, ils quittaient le bar de l'amicale de chimie, se séparant pour rentrer chez eux. Anette et Alrun partirent donc dans une direction alors que Mathias partait dans l'autre sens, les quittant sur un dernier baiser volé à Alrun. Il n'esquiva la gifle correspondante qu'au dernier moment, disparaissant avec un grand éclat de rire.
"Ta baffe n'était pas très convaincue" commenta Anette.
"Tss... il me tuera à force de me draguer" répondit Alrun.
"Ou il t'aura dans son lit" fit Anette alors qu'elles montaient dans le tram qui arrivait.
"Non, je ne crois pas... ne t'y met pas, Anette. J'aime flirter avec Mathias, ok, mais j'ai pas envie d'une relation."
"Menteuse" répondit Anette. "Tu veux une relation. Après, avec Mathias... vous allez bien ensemble, c'est tout."
Elle fit un sourire malicieux.
"Et il est vraiment bon au lit, tu sais. Testé et approuvé."
Excédée, Alrun leva les yeux au ciel, mais n'ajouta rien.
Le reste du trajet se fit dans un silence relatif. Elles habitaient à moins d'une rue l'une de l'autre et rentraient tranquillement quand soudain Alrun s'immobilisa net, avant de s'effondrer au sol, le nez dans la neige.
"Alrun ?" demanda Anette, stupéfaite, avant de se pencher à côté d'elle, la secouant. "Alrun !"
Rien ne lui répondit et Alrun ne réagit pas à la main qui secouait son épaule. Anette jeta un coup d'oeil autour d'elle, paniquée, mais il n'y avait personne et elles étaient dans un quartier très calme. Aucune chance que quelqu'un ne sorte. Elle reconnut le coin de rue suivant et sortit son portable avec soulagement, appelant un de leurs autres amis communs.
"Mark ?" appela-t-elle sitôt que son interlocuteur eut décroché. "Je... je suis à une rue de chez toi... je rentrais avec Alrun et elle est tombée dans les pommes..."