Chant du serpent (1/X)

Publié le par Khimaera

Salut ! Ca faisait longtemps, hein ? Eh bien, figurez-vous que au cours d'une conversation récente, quelqu'un m'a dit que certaines de mes histoires n'avaient pas été lues, etc, etc. Donc, puisqu'elle est terminée et qu'il faudra juste que je pense à la publier de temps en temps, en voici une.


Elle n'est pas originale. Elle vient de l'univers de League of Legends, un jeu auquel j'ai joué assidûment il n'y a pas si longtemps que cela, mais je pense reste compréhensible même sans rien y connaître. Je n'ai fait qu'utiliser des personnages et quelques lieux existants. Sur ce, bonne lecture.

 

"Est-ce une plaisanterie ?" demanda le soldat d'une voix frémissante de fureur.

"Darius" répondit le vieil homme, apaisant "cela ne te demandera pas grand-chose et pourrait nous amener beaucoup."

"J'ai autre chose à faire que traîner une femelle partout avec moi !"

"Mais je ne te le demande pas" fit Swain, toujours aussi calme. "Je veux que tu l'épouses, Darius, et ensuite tu la laisseras dans ta villa ici, à Noxus. Dans sa chambre, avec ses serviteurs, il suffira que tu t'assures que personne ne s'attaque à elle. Elle restera enfermée et c'est tout ce qu'il faut."

 

Darius se leva brusquement, arpentant la pièce. Une femme... il ne voulait pas se marier. Il n'avait aucun intérêt pour ces choses. Traîner avec lui une créature aussi faible pour des années ne l'enchantait guère, pourtant il était assez intelligent pour voir le capital politique de la manœuvre. La jeune demoiselle était la dernière descendante d'une ligne de sorciers reconnus et ils avaient sûrement laissé un héritage que Swain pourrait utiliser à bon escient. Son poing frappa le mur, rageur, puis il quitta la pièce. Swain dans son dos sourit à son acceptation silencieuse. Ne restait qu'à convaincre la demoiselle en question, et si elle n'était pas idiote elle sentirait immédiatement la menace implicite...

 

Huit semaines plus tard, Noxus vit le mariage de son général favori, connu pour ses improbables victoires et son absence de pitié en combat, Darius, avec l'héritière d'une famille bizarre, Ellanna. Le contraste était grand entre le soldat d'un mètre quatre-vingt-dix, en armure d'apparat, et la jeune femme vêtue de blanc, frêle dans sa tenue. Darius la voyait pour la première fois et elle ne prononça pas un mot à part ses vœux, ne lui accorda pas un regard, même pas lorsqu'il lui passa son alliance.

 

Il prit en revanche le temps de la regarder. Elle avait de longs cheveux auburn, légèrement bouclés, qui cascadaient dans son dos, et un tout petit minois relativement joli. Bien sûr, il était absolument partial, puisque Ellanna Faend était à l'unanimité un des plus beaux partis de Noxus, à défaut d'être l'un des plus riches, et bien des gens dans l'assemblée jalousaient le général. Ils retournèrent ensuite dans sa villa, plus proche d'une forteresse qu'il avait faite construire sur ses goûts. Ses serviteurs terminaient d'installer les affaires d'Ellanna dans la suite voisine de celle du maître. Elle s'y retira en silence sur un signe de main et il rejoignit sa propre chambre, retirant son armure. Elle était trop lourde et inconfortable pour lui, il lui préférait de loin son armure classique, bien plus efficace et résistante au combat.

 

Les pièces de métal se retrouvèrent d'ailleurs sur le mannequin qui était dans son salon, condamnées à rester sans bouger jusqu'à la prochaine obligation qu'il aurait de les porter. Les semaines suivantes furent d'un calme absolu. Il ne voyait sa jeune épousée que lorsqu'ils dînaient ensemble et elle ne parlait pas, sauf pour répondre à ses quelques rares questions dans une politesse teintée de détachement, voire de froideur. Petit à petit cela commença à le frustrer sans qu'il ne sache pourquoi.

 

Presque six mois après leur mariage, alors qu'il était seul dans sa chambre, un verre de vin à la main, il eut la surprise d'entendre quelqu'un toquer à la porte mitoyenne de leurs appartements. Surpris, il alla néanmoins ouvrir. C'était bien sa femme qui se tenait là et, plutôt que de détourner le regard comme à l'accoutumée, elle leva son visage, le regardant bien en face. Ils restèrent immobiles un moment - l'agacement d'être dérangé se disputait à l'étonnement et la curiosité en lui.

 

"Bonsoir" finit-il par dire, et une ombre de sourire apparut sur ses lèvres.

"Bonsoir, Darius."

 

Le silence retomba, malaisé. C'était la première fois qu'ils se regardaient dans les yeux et son opinion de son épouse évolua lentement. Il n'y avait nul faiblesse ni peur dans son regard gris d'acier, presque bleu. Plutôt du détachement, et une immense force qui y couvait. D'un coup, il acquit la certitude que sa femme pouvait être dangereuse - certes pas avec une hache, mais à sa manière. Finalement ce fut lui qui détourna les yeux, mal à l'aise, et il fit un geste de main maladroit, désignant sa chambre.

 

"Puis-je vous inviter à entrer ?"

 

Ellanna ne serait pas venue pour rien. Elle devait avoir quelque chose d'assez important à lui dire pour le déranger ainsi, seuls en pleine nuit. Elle s'avança en effet et il montra un des luxueux fauteuils pourpres devant le feu de bois, la suivant du regard alors qu'elle allait s'asseoir. Elle était gracieuse, vêtue d'une longue robe de chambre de soie blanche, et il se surprit à attarder ses yeux sur les jolies courbes de son anatomie. Cependant son épouse n'était pas une catin de bas étage et il se détourna donc, saisissant la carafe pour lui servir un verre de vin avant de le lui amener, s'installant face à elle. Elle le sentit avec attention avant d'en prendre une gorgée et une étincelle appréciatrice apparut dans ses yeux.

 

"Comment puis-je vous aider ?" s'enquit-il finalement après de longues minutes de silence.

"La question serait plutôt" fit-elle d'une voix douce "comment puis-je vous aider."

 

Il eut une moue surprise, mais fit néanmoins un signe de main l'invitant à poursuivre.

 

"Eclairez-moi, je vous en prie."

"Il me semblait, en tant que votre épouse" fit-elle d'une voix lente "que si je disposais d'informations susceptibles de modifier votre ligne et votre capital politiques, il serait de mon devoir de vous en rendre compte."

 

Il resta clairement surpris, puis lui refit signe de continuer. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, le regardant d'un air pensif.

 

"Je vous prierai" énonça-t-elle toujours aussi lentement "de vérifier les informations que je vous apporte avant de prendre toute décision. Je les sais vraies, mais je doute que vous les croyiez. Vous ne me connaissez après tout que très peu, et je ne vous livrerai pas mes sources."

"S'agit-il d'informations si sensibles ?" s'enquit-il.

"Je le crois."

 

Elle inspira légèrement.

 

"Il me semble, qu'avant de soutenir le général Jericho Swain, vous éprouviez une grande admiration et un grand respect pour le général Ducouteau, le plus à même, selon vous, d'unir à nouveau Noxus et de lui rendre sa splendeur."

"C'est exact, nul n'ignore ceci."

"Le général Ducouteau n'est pas mort. A vrai dire, il n'a même pas disparu. Il a juste été... dissimulé par des intentions malveillantes, qui avaient tout intérêt à sa disparition. N'était-il pas le général le plus charismatique de Noxus, celui qui tenait le Conseil entier dans sa main ? Bientôt il serait devenu seigneur, ce n'était qu'une question de temps."

 

Il dissimula son choc du mieux qu'il le pouvait. Ducouteau avait disparu sans laisser la moindre trace et il avait été unanimement admis qu'il avait été assassiné.

 

"Où est-il, si cela est vrai ?" s'enquit-il.

"Dans les sous-sols du quartier général Crimson, dans une partie où seuls très peu d'élus ont accès. Plusieurs prisonniers se trouvent ici et le général Ducouteau est dans la plus profonde cellule. Vous y trouverez également le seigneur Freljordien à l'origine de la transformation de Cassiopeia, ainsi que sa dague serpentine, soigneusement étudiée. Sans doute y a-t-il d'autres personnes, mais j'ignore qui. Seuls des fanatiques ont accès à ce lieu, néanmoins. Le quartier Crimson est très bien protégé et ses racines le sont encore plus."

"Quels fanatiques ?" aboya-t-il.

 

Ses yeux d'acier le regardèrent. Son visage restait imperturbable et pourtant elle finit par répondre.

 

"Ceux aux ordres de Jericho Swain, bien sûr."

 

La réponse ne le surprit qu'à moitié. Si cela était vrai, alors il était évident que Swain en était à l'origine. Il était celui qui avait le plus bénéficié, et de loin, de la disparition de Ducouteau.

 

"Pourquoi le garderaient-ils en vie ?" interrogea-t-il soudain. "Il serait moins dangereux mort."

"Ils essaient de le convertir."

 

Il calcula rapidement la durée de captivité. Cela faisait probablement trois ans maintenant que Ducouteau y était, probablement torturé quotidiennement s'il s'agissait de le convertir. Le vieux général était un dur à cuire et avait une volonté d'acier.

 

"Comment savez-vous tout ceci ?"

 

Le silence lui répondit. Il se leva brusquement mais elle soutint son regard, ses lèvres désespérément closes. Elle l'avait averti qu'elle ne lui donnerait pas ses sources, mais c'était fort déstabilisant de la voir lui tenir tête ainsi, nullement intimidée par la masse face à elle. Il abandonna rapidement, arpentant sa chambre en faisant les cents pas, avant qu'une soudain réalisation ne le frappe et il pivota, retournant à ses côtés, pour saisir son délicat visage dans sa grande main, croisant ses yeux.

 

"Je vais le vérifier" murmura-t-il "mais je vous demande de ne pas quitter notre demeure, et le moins possible votre chambre, avant mon retour, mon épouse. Si cela est vrai, vous êtes en danger de mort et je ne veux pas vous retrouver sans vie lorsque je franchirai le seuil de vos appartements."

 

Un éclair de surprise apparut dans ses yeux à ces quelques phrases, puis son regard se réchauffa, l'emplissant lui aussi de chaleur. Il la lâcha précipitamment, ne sachant ce qu'il se produisait, et un léger sourire apparut sur ses lèvres fines. Elle inclina poliment la tête, se relevant gracieusement.

 

"Je respecterai votre souhait, mon époux, jusqu'à ce que vous ne veniez me voir. Soyez prudent également, votre ennemi est l'un des êtres les plus retords de cette terre."

"Je serai sur mes gardes, je vous l'assure" promit-il en lui rouvrant la porte de sa chambre. "Adieu."

"Adieu jusqu'à votre retour" rectifia-t-elle avant d'exécuter une légère révérence devant lui, puis de se retirer.

 

Il resta songeur un moment, puis reposa son verre de vin tombé au sol sur le guéridon. Il savait déjà qui contacter pour pénétrer le quartier Crimson une fois les vérifications des dires de sa femme effectuées.

 

 

Ellanna tint sa promesse et ne quitta guère ses appartements dans les deux semaines suivantes. Darius avait dû penser que Swain savait qu'elle était au courant - or ce n'était pas le cas. Le corbeau n'avait aucun moyen de savoir d'où elle pouvait tenir ces informations. Néanmoins, elle était seule dans sa demeure, avec à peine quelques servantes loyales, et beaucoup des serviteurs de Darius ne l'aimaient pas, la voyant comme une contrainte imposée au général pour le museler. Sans compter le frère du général qui la regardait souvent plus ou moins ouvertement. Tôt ou tard, il lui ferait des avances, et la difficulté résiderait dans son refus.

Publié dans League

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